Scandale du vote électronique Scytl/La Poste : la symptomatique réaction des autorités

Hier, le magazine en ligne « Republik » a révélé les sombres dessous de l’entreprise espagnole (aux capitaux US) Scytl, leader mondiale du vote électronique avec qui La Poste collabore pour l’imposer en Suisse. L’article dénonce, en vrac, fiascos électoraux (Equateur, Australie, Norvège), détournement de fonds publics destinés à la recherche, opacité, triche et magouille. On aurait pu s’attendre que les cantons concernés (dont FR et NE) annoncent qu’ils vont analyser la situation et promettent de prendre les mesures qui s’imposent. Eh bien non. Leur réaction a été à l’image de toutes les réactions de toutes les autorités confrontées à des problèmes, failles de sécurité et autres critiques en matière de vote électronique : minimiser, nier, et (ce n’est pas encore le cas pour Scytl/La Poste, mais qui sait) menacer de poursuites pénales.

Voici leurs réactions (postées par le canton de Fribourg et « likée » par celui de Neuchâtel) :

 

 

Il est d’ailleurs piquant de relever que le canton de Fribourg s’exprime uniquement sur le seul cas de fiasco causé par Scytl qui ne concerne pas réellement le vote électronique, mais le scan des bulletins. Et il a aussi demandé d’attendre la réaction de son mandataire privé. Voilà où nous mène cette privatisation du système électoral : l’autorité qui organise le scrutin n’est même pas capable de commenter les éventuels problèmes, soit parce qu’elle ne comprend rien au logiciel, soit parce qu’elle n’a pas accès aux détails de ce dernier, droits de propriété intellectuel obligent. En ce qui concerne le système de Scytl/La Poste, les deux options sont malheureusement crédibles, car ces entreprises refusent de dévoiler le fonctionnement de leur logiciel… auquel 99% de la population (autorités cantonales comprises) ne comprendraient de toute façon rien, faute de connaissance pointues en informatique.

Les autorités genevoises ont déjà réagi ainsi à plusieurs reprises lorsque des failles de leur système de vote électronique ont été rendues publiques. Au lieu d’être remerciés, les auteurs de ces révélations ont été menacés de plaintes pénales. L’un d’eux (un journaliste de la RTS) a même dû se justifier devant un tribunal, la menace ayant été mise à exécution. Alors que les intéressés voulaient plutôt rendre service en révélant des problèmes menaçant la fiabilité de ce qui constitue le cœur d’une démocratie : les votations et élections.

 

Voilà qui en dit long sur la fébrilité et l’absence d’assurance des partisans du e-voting. Il est d’ailleurs piquant de constater que, à entendre les autorités concernées, le vote électronique serait le seul domaine de l’informatique à être sûr, infaillible, inattaquable et j’en passe.

Cela est d’autant plus inquiétant que, depuis l’abandon du système de vote électronique genevois Scytl et La Poste restent le seul acteur de ce « marché ». Un acteur privé, opaque et en mains étrangères. Pas de quoi instaurer la confiance des citoyens.

 

Une seule solution à ces dérives : l’initiative pour un moratoire sur le vote électronique !

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