Série d’été sur le vote électronique (3)

Aujourd’hui, je décortique un autre mythe qui circule à propos du vote électronique:

3. Le vote électronique pousse les jeunes à voter

Selon les partisans du vote électronique, ce serait l’instrument miracle pour pousser les jeunes à voter. On sait en effet que les classes d’âge les plus basses sont celles qui participent le moins aux votations et élections. Souvent, les élus pensent que c’est une question de forme. Si les jeunes ne votent pas, c’est parce que ce n’est « pas assez facile d’accès », ni « moderne », voire « ludique ». Les générations Y, Z et autres millenials auraient besoin « d’outils techniques et connectés, sinon, ils s’en foutent ». Là encore, c’est un prétexte pour ne pas se remettre en question et s’avouer qu’on n’a pas été assez convaincant pour amener les jeunes à voter. Si les jeunes votent moins que les moins jeunes, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de vote électronique, ce n’est pas parce que c’est compliqué (avec le vote par correspondance, c’est très facile et rapide), c’est parce que les élus n’ont pas réussi à leur expliquer en quoi ils sont concernés par les enjeux des votations. Ce n’est pas l’échec du système de vote, c’est l’échec de la classe politique.

Par ailleurs, il faut à mon avis s’interroger sur les risques de banalisation de l’acte de voter. En effet, voter est un acte important, qui peut avoir un impact déterminant sur l’avenir de tout un pays. Ce n’est donc pas un acte anodin. Or, avec les actions politiques en ligne, c’est plutôt tout le contraire. L’émergence de la démocratie du clic, où il est facile de « donner son avis » à coup de « like » et de « share », où il est facile de s’engager pour de multiples causes (ou de faire croire que l’on s’engage) parce qu’on le clame sur les réseaux sociaux et où l’opinion publique est de plus en plus facile à manipuler (rappelons-nous du scandale « Cambridge Analytica »…) devrait plutôt nous inciter à la prudence en matière de lien entre droit de vote et Internet.

Afin que l’acte de voter ne soit pas banalisé, rien ne vaut à mon avis le papier. Et ce raisonnement vaut aussi pour la récolte de signature. Même si les « jeunes » pourraient trouver cela « ludique, pratique et moderne », je suis opposé à la possibilité de récolter des signatures en ligne « e-collecting ». Convoquer le peuple aux urnes, c’est un acte lourd de sens. Il ne faut donc pas le faciliter, tout simplement parce que ce serait « moderne ».

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