Loin de moi l’idée de me prononcer sur le fond de l’« affaire Broulis ». D’autres le feront mieux que moi, qui ne connais pas tous les éléments du dossiers. La presse, qui n’est certainement pas motivée par une jalousie ou une rivalité valdo-zurichoise fantasmée, fait d’ailleurs très bien son travail, tant sur les bords du Léman que sur ceux de la Limmat.
Mais ce n’est le fond de cette affaire qui m’intéresse ici. C’est plutôt la phrase « Je n’ai rien à cacher ». En ces temps où la protection des données et de la sphère privée ainsi que la surveillance de masse étatique ou privée sont sur toutes les bouches, d’aucuns argumentent volontiers que toutes les atteintes dont on parle ne sont pas si graves pour celles et ceux qui n’ont « rien à cacher ». C’est vrai, pourquoi se plaindre d’être surveillé, traqué, examiné, fiché, analysé sous toutes les coutures, par toute sorte d’agences étatiques ou d’entreprises privées si l’on n’a « rien à cacher » ??? L’exemple de M. Broulis est très révélateur de la vacuité de l’argument « qui n’a rien à cacher n’a rien à craindre ».
En effet, M. Broulis prétend n’avoir « rien à cacher » à propos de sa situation fiscale. Mais refuse donc d’en dévoiler les détails, arguant qu’il s’agit de sa sphère privée. Cela montre bien que, la signification du « rien à cacher » peut être fort différente du point de vue de celui qui cache et de celui qui cherche. Car, tant que l’on ne sait pas ce que celui qui cherche cherche, tant que l’on en sait pas ce qu’il pourrait, de son point de vue, vous reprocher, impossible de savoir si l’on a vraiment « rien à cacher ». Car c’est celui qui cherche qui sait ce qu’il cherche… et donc qui définit, à l’aune de ses propres critères, ce qu’il considère comme « à cacher ». En l’espèce, M. Broulis étant une personnalité publique qui plus est responsable des finances cantonales, l’intérêt public à révéler les détails de sa situation fiscale me semble évident. Mais il n’en demeure pas moins que, lorsque quelque chose relève de la sphère privée, peu importe que l’on considère n’avoir « rien à cacher ». Ou que l’on ait vraiment, du point de vue d’une personne extérieure, réellement « rien à cacher ». Du moment qu’il s’agit de notre sphère privée, on doit pouvoir le dissimuler sans avoir à se justifier, l’intérêt public à révéler certaines informations étant réservé.
Autre exemple, plus trivial, mais très efficace : Quand on va aux toilettes, tout le monde sait ce qu’on va y faire. Il n’y a donc pas grand-chose « à cacher ». Mais on ferme tout de même la porte. La protection des données et de la sphère privée, c’est la même chose. Peu importe que l’on ait ou pas quelque chose « à cacher ». Du moment que l’on refuse de le montrer, cela doit rester secret.
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A toutes celles et ceux qui pensent n’avoir « rien à cacher », je recommande ce site.
Si je compare avec l’optimisation fiscale faite par M. Schneider-Amann, notre ministre des finances vaudois est un enfant de cœur. Sera-t-il traité avec la même mansuétude ?
Très joli texte, Jean Christophe!
Ce qui est le plus gênant est le manque d’équité. Pourquoi M. Broulis ne prend-il pas les transports publics ? J’ai par ailleurs peine à croire qu’il fasse plusieurs fois les trajets entre Lausanne et Ste-Croix (sic). Il rentre manger à midi ? Les règles de déduction sont claires pour tout le monde, et le seul gain de temps n’est pas un juste motif pour déduire des kilomètres. Seul le prix de l’AG est déductible, sinon je revendique également la déduction des kilomètres qui me sont refusés.