Ce matin, dans les médias, c’était à qui crierait le plus fort que la mobilisation du 14 juin en faveur de l’égalité femmes-hommes «a été un échec». Que les 100’000 participant-e-s escomptés «n’avaient pas été atteints» (même si ce nombre a été atteint). Qu’en «comparaison avec la grève de 1991, c’était misérable». Etc. Et pourtant, quel que soit le nombre de participant (pour autant qu’on puisse les compter) cette mobilisation a été un succès retentissant. Notamment parce que le thème de l’égalité est désormais (à nouveau) incontournable.
Le terreau est pourtant plutôt défavorable. Car, avec la montée en puissance de l’UDC, on peut s’attendre à de nombreux reculs en matière d’égalité. Ce parti soutient en effet la vision traditionnaliste et patriarcale de la femme qui ne travaille pas, reste à la maison et s’occupe de ses enfants, pendant que monsieur finance le ménage. Quand il s’agit de créer des crèches, d’instaurer un congé parental ou paternité et d’améliorer les conditions de travail des familles, l’UDC dit toujours non. Pis, elle soutien tous les projet propres à déréguler les horaires de travail, en particulier dans la vente. Son conseiller fédéral et ancien président Ueli Maurer avait il n’y a pas si longtemps dit en public que, selon lui, «la place de la femme est à la cuisine». Et ses élues sont priées de montrer l’exemple: la jeune conseillère nationale saint-galloise Jasmin Hutter avait ainsi promptement démissionné et mis un terme à sa carrière politique en prévision de sa prochaine maternité. Et ce n’est pas tout: L’UDC défend aussi l’initiative qui souhaite faire de l’interruption volontaire de grosses un privilège réservé aux riches et en a lancé une autre pour encourager fiscalement les femmes qui ne travaillent pas pour élever leur enfants.
Dans ces conditions difficiles, c’est donc un succès majeur que d’avoir remis sur le devant de la scène les discriminations flagrantes dont les femmes sont victimes. Face à l’évidence des chiffres, plus personne ne conteste l’existence et l’ampleur de la discrimination salariale. Hier et aujourd’hui, tous les patrons interrogés par les médias ont assuré que «oui, bien sûr, [ils sont] en faveur d’un salaire égal pour un travail égal». Il s’agira maintenant de les prendre au pied de la lettre et de veiller à une meilleure application de la loi sur l’égalité, en particulier pour mettre un terme à la discrimination salariale.
Celles et ceux qui ont participé aux manifestations du 14 juin ont aussi pu constater avec bonheur la forte présence de jeunes femmes, de tous milieux. Alors qu’on pouvait croire que, pour beaucoup de jeunes, le combat pour l’égalité n’avait plus de sens parce qu’elle était considérée (à tort) comme acquise, on a pu constater que les jeunes sont toujours prêts à se mobiliser en sa faveur. Et ça, ça donne une bonne dose d’optimisme.
(« même si ce nombre a été atteint »)
Franchement, est-ce que l’information, qui provient de l’USS, est indépendante et donc fiable? ce dont vous doutez: « pour autant qu’on puisse les compter »….
Heu, votre article, c’est une attaque contre l’UDC? Magnifique programme…