Le chômage augmente, particulièrement chez les jeunes (+82% pour les 20-24 ans depuis un an!), qui ont la malchance d’arriver sur le marché du travail à un moment où les entreprises licencient. Parallèlement à cette dégradation de l’emploi, les chambres fédérales se penchent sur la révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI). Or, alors qu’il faudrait plutôt soutenir les jeunes qui ont des difficultés à entrer sur le marché du travail, cette révision s’en prend assez durement à eux.
Une première mesure du projet de loi n’est pas dirigée spécifiquement contre les jeunes, mais les frappera plus durement que la moyenne: le prolongement à 18 mois de la durée de cotisation. Puisqu’ils sont depuis moins de temps sur le marché du travail, les jeunes salariés auront plus de peine à atteindre cette durée de cotisation. Même s’ils ont cotisé à l’assurance-chômage, ils n’auront donc droit qu’à des prestations réduites. Et ce n’est pas tout, la commission de l’économie et de la redevance du national souhaite les réduire encore plus: Si le plénum la suit, les moins de 25 ans qui n’ont pas de personne à charge n’auront plus droit qu’à 130 indemnités journalières et les 25-29 ans à 260, contre 400 actuellement. Cela n’entraînera en outre que peu d’économies, car les coûts seront reportés sur l’aide sociale.
Une autre proposition pénalise les jeunes qui achèvent une formation, et qui n’ont, parce qu’ils lui ont consacré la totalité de leur temps, pas pu cotiser à l’assurance-chômage. Cette catégorie de chômeurs verra également ses indemnités drastiquement réduites (90 indemnités journalières au lieu de 260). Les jeunes concernés auront non seulement la déconvenue de commencer leur carrière professionnelle en tant que demandeurs d’emploi, mais se verront aussi nettement moins soutenus par l’assurance-chômage, malgré le fait qu’ils forment un groupe particulièrement vulnérable. Là encore, les personnes concernées n’auront pas d’autre choix que de s’adresser à l’aide sociale, entraînant un nouveau report de charges.
Dernière mesure, cette fois spécifiquement dirigée contre les moins de 30 ans: l’affaiblissement de la notion de «travail convenable». L’assurance-chômage n’est pas l’oreiller de paresse que dénoncent certains. Les chômeurs sont plutôt obligés d’accepter tout emploi considéré comme «convenable» (à ceux qui croient qu’il s’agit d’une sinécure, je recommande la lecture du texte légal art. 16 LACI), sous peine de se voir sanctionnés par une réduction de leurs indemnités. Cette notion de travail convenable est importante pour éviter que les chômeurs ne soient contraints d’accepter n’importe quel emploi à n’importes quelles conditions, ce qui entraînerait une spirale de sous-enchère néfaste à tous les salariés. Or, si le conseil national suit le conseil des Etats, un emploi qui n’aurait aucun rapport avec les aptitudes d’un chômeur de moins de 30 ans serait désormais réputé convenable. Conséquence: une dévalorisation de la formation professionnelle. Le message adressé aux jeunes serait désormais: «Tu dois accepter n’importe quel emploi, tant pis si cela n’a rien à voir avec ce que tu as appris!»
Les difficultés économiques ne doivent pas servir de prétexte à péjorer la situation des plus faibles. Plutôt que de s’attaquer aux jeunes sans emplois, la révision de la LACI devrait avoir pour objectif d’améliorer leur insertion sur le marché du travail. Force est de constater que, pour l’instant, elle rate sa cible.
(Version légèrement complétée de la colonne parue aujourd’hui dans 24heures)