Encore une tranche de dimanche…

Le travail dominical, ça ne passe que sous forme de stratégie du saucisson (vaudois). En effet, jamais le peuple n’accepterait la libéralisation totale que la droite appelle de ses vœux. Pour parvenir à ses fins, elle procède donc par petites tranches, espérant que cela passera plus facilement, voire même inaperçu. Le gouvernement vaudois a lancé une nouvelle salve, qui sera bientôt soumise au grand conseil: Autoriser les communes à introduire deux dimanches de travail supplémentaires par an dans tous les commerces. Comme d’habitude en matière de flexibilisation du temps de travail, aucun argument ne tient la route. Voyons cela d’un peu plus près:

* Le travail dominical stimule l’économie. Faux. Ce qui sera dépensé le dimanche ne pourra pas l’être la semaine. Et vice-versa. Le pouvoir d’achat est juste dilué sur un jour supplémentaire. Le chiffre d’affaire du dimanche réalisé le dimanche diminue celui de la semaine et le jeu est à somme nulle.
* Le travail dominical crée de l’emploi. Faux. Comme les ouvertures dominicales ne font que diluer le chiffre d’affaire, il ne fait que supprimer la semaine les emplois créés le dimanche. Or, toutes les expériences à l’étranger le montrent, les ouvertures dominicales finissent par profiter aux grandes surfaces aux dépens des petits commerces. Et ces derniers emploient à surface égale plus de personnel que les premières. Donc, le travail dominical détruit des emplois.
* Le travail dominical, ce n’est que pour les volontaires. Faux. Dans la situation actuelle, quel employé oserait dire non à son employeur qui lui propose de travailler «volontairement» le dimanche? Avec la montée du chômage, il n’y a même pas besoin de faire comprendre «qu’il y en aurait des tas qui serait ravis de prendre la place des non-volontaires»…
* Le travail dominical crée de l’emploi pour les étudiants. Peut-être, mais il en supprime pour d’autres catégories de travailleuses et de travailleurs. Dans le commerce de détail, ce sont surtout des travailleuses. Et souvent des mères de familles, parfois monoparentales, qui ne peuvent pas travailler le dimanche pour raisons familiales et finissent par perdre leur emploi. Mais les personnes concernées seront certainement ravies de savoir que leur emploi n’est pas perdu pour tout le monde. Monter les travailleurs les uns contre les autres, ça marche toujours!
* Le travail dominical est favorable aux petits commerces de quartier. Ça, c’est la meilleure blague de l’année. Les petits commerces familiaux peuvent déjà ouvrir le dimanche. Si tout le monde peut ouvrir, ils perdent un de leurs derniers avantages concurrentiels et finissent par disparaître au profit des grandes surfaces.
* Un marché du travail flexible, c’est bon pour l’économie. Celle-là, cela fait des années qu’on nous la sert à toutes les sauces. Cependant, personne n’a jamais réussi à démontrer qu’un marché du travail flexible est favorable à l’économie et à l’emploi. Quant aux défauts de la flexibilité, ils sont en revanche connus: précarisation, travailleurs pauvres, lacunes d’assurances sociales, dépenses d’aide sociale en hausse, problèmes de santé, travailleurs âgés dont personne ne veut, etc.

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