2 semaines de vacances supplémentaires reviennent-elles à raser gratis?

Travail.Suisse rase-t-elle gratis avec son initiative «6 semaines de vacances pour tous»? C’est du moins que ce que l’on pourrait croire avec le tir de barrage en règle que le dépôt de cette initiative a déclenché chez les organisations patronales, comme ici le centre patronal vaudois. Avec des arguments percutants: Plus de vacances, c’est plus de coûts pour les entreprises, donc des emplois en moins. Et qui serait à l’heure actuelle assez fou pour soutenir une mesure menaçant des emplois ? Fort heureusement, à y regarder d’un peu plus près, l’initiative ne menace pas l’emploi. Elle sera même plutôt favorable aux entreprises.
Premièrement, parce que, ces dernières années, les salariés n’ont pas récolté tous les fruits de leur travail. Depuis 15 ans, la productivité du travail a augmenté de plus de 14%, alors que les salaires réels ont crû de moins de 4%. Certaines années, ils ont même reculé en valeur réelle, sans que la productivité ne cesse de croître. Il existe donc une marge de manœuvre importante pour augmenter les salaires (ou diminuer le temps de travail à salaire égal, par exemple grâce à plus de vacances) sans que la situation économique des entreprises ne soit mise en danger. Car les gains de productivité non compensé signifient que les entreprises sont devenues de plus en plus profitables sans que leur personnel n’en bénéficie. Et dans tous les cas, l’effort des entreprises serait minime: une semaine de vacances supplémentaire par an ne représenterait qu’une baisse du temps de travail d’à peine… 10 minutes par jour!
Deuxièmement, parce qu’augmenter de manière raisonnable le nombre de semaine de vacances est un investissement dans les futurs gains de productivité. En effet, un salarié plus reposé et moins stressé (c’est du moins ce que l’on souhaite à toute personne rentrant de vacances !), qui dispose d’une meilleure qualité de vie et de plus de temps pour ses loisirs sera plus efficace, plus motivé, moins souvent malade et donc plus productif. Cette proposition s’inscrit en outre dans un contexte d’augmentation du stress au travail et des atteintes à la santé des salariés: Elle permettrait certainement d’éviter de nombreuses absences pour maladie, permettant aux entreprises de réaliser d’importantes économies.
Une question demeure: Les partenaires sociaux ne seraient-ils pas mieux à même de régler cette question? Ou autrement dit, n’empiète-t-on pas sur leur prérogatives en soustrayant la durée des vacances à la négociation collective ? Certes, de nombreuses conventions collectives de travail (CCT) prévoient plus de vacances que le minimum légal. Mais, en Suisse, seul un salarié sur deux bénéficie d’une CCT. CCT qui ne prévoit en outre que rarement un droit aux vacances allant au-delà de 5 semaines. Une modification légale aurait donc l’avantage d’améliorer la situation de la quasi-totalité des salariée et salariés, tout en laissant aux partenaires sociaux bien d’autres champ de négociations, tout aussi important que les vacances: durée du travail, salaires, retraite flexible, droit de participation des travailleurs, etc…  sans oublier d’autres semaines de vacances dépassant le nouveau minimum légal!

 

 

6 réflexions sur « 2 semaines de vacances supplémentaires reviennent-elles à raser gratis? »

  1. Monsieur Schwaab,

    Votre populisme, voire votre discours manipulateur est digne de votre président de parti. Bravo, vous suivez les méthodes du chef.

    Votre argumentaire est tellement lacunaire, qu’il n’est pas crédible.

    1/ Comparez l’augmentation de la productivité avec l’augmentation des salaires est faux et archi-faux. Car la productivité ne tient pas uniquement compte des salaires.

    2/ Une semaine de vacances supplémentaires par an = 10 minutes de travail en plus par semaine. Voici typiquement le genre d’argumentation que vous devez apprendre dans vos cours de propagande syndicale. cette manière de relativiser les chiffres, en les manipulant à votre avantage (lorsque cela vous arrange, vous communiquez avec des chiffres absolus, en pourcentage, en relation avec d’autres nombres, etc…)

    3/ Vous parlez d’augmenter de « manière raisonnable » le nombre de semaines de vacances. Il s’agit tout de même d’une augmentation de 50% par rapport à la situation légale actuelle….

    4/ « Cette proposition s’inscrit en outre dans un contexte d’augmentation du stress au travail et des atteintes à la santé des salarié » Pure théorie syndicale qui ne repose sur aucune étude sérieuse. Les métiers où les taux d’absentéisme sont les plus élevés, sont ceux où les salariés ont déjà les meilleures conditions (enseignants, fonctionnaires, etc.)…. Revoyez vos croyances!

    Je vous rejoins lorsque vous risquez la question de conventions sociales. Cette proposition doit être négocié entre partenaire sociaux et ne doit en aucun cas figurer dans la constitution fédérale, ce qui imposerait de lourdes charges à toutes les entreprises du pays, indépendamment de leur taille, de leur santé financière, etc.

    Initiative à rejeter, donc.

    N.B. On connaît vos techniques, vous demandez 6 semaines pour obtenir ensuite 5 semaines…. Vieux comme la vieille…

  2. Cher Philippe, dites-moi, en quoi une augmentation de 50% ne serait-elle pas raisonnable? Et puis, n’êtes vous pas en train d’user de la méthode que vous me reprochez, à savoir se servir de chiffres absolus et de pourcentages quand cela vous arrange?
    En outre, je ne vois pas ce qu’il y a de répréhensible à demander plus pour obtenir un progès inférieur à ce que l’on a demandé, mais qui n’en n’est pas moins un progrès!

  3. Il s’agit d’une modification de la Constitution. 6 semaines de vacances obligatoires pour tous diminuerait drastiquement la productivité en Suisse, donc l’emploi.

    Une fois pour toute, essayez de comprendre que plus les prestations sociales sont élevées dans un pays, plus le chômage et la précarité augmentent.

    Pourquoi l’Allemagne et la France, qui connaissent une durée de travail inférieure, des compensations financières élevées (congé maternité, etc.) ont un taux de chômage nettement supérieur à la Suisse. Ils fuient par milliers leur pays pour venir en Suisse, un pays soit-disant « ultra-libéral »… selon certains syndicalistes, mais néanmoins très attractif pour les Européens…

  4. Philippe, quand admettrez-vous que régulation du marché du travail et taux de chômage ne sont pas corrélés? C’est l’OCDE qui l’affirme (voir ici: http://www.domainepublic.ch/files/articles/html/9049.shtml)
    Je vous recommande aussi la lecture des « éconoclastes, petits bréviaire des idées reçues en économie » (la découverte, Paris 2003 et 2004). Encore une fois, essayez de comprendre que les idées préconçues véhiculées par les néolibéraux sont fausses!

  5. Et comment expliquez-vous que des milliers d’Européens, Francais et Allemands en particulier, n’attendent plus que de quitter leur pays pour travailler en Suisse? Ils ont pourtant « d’excellentes » conditions sociales et une bonne protection de l’emploi, non?

    Question corrélation, on peut également affirmer que moins les syndicats sont puissants, et mieux se porte l’emploi…

  6. Tiens tiens, Philippe, comment expliquez-vous alors que la France, pays dont vous semblez honnir la législation sur le travail, n’a qu’environ 9% de syndiqués, alors que la Suisse en a près de 20%? Vous voilà pris en flagrant délit de comparaison hasardeuse et non étayée!

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