Les milieux économiques et les partis bourgeois ont remporté la bataille fiscale d’une très courte tête. Prenons-en acte. Mais il faut dire qu’ils avaient la partie plutôt facile: un budget de campagne d’au moins 15 millions de francs, plus de 30 fois plus élevé que celui du PSS et de l’USS. A cela s’ajoute la mansuétude des médias, tributaires des annonces des entreprises bénéficiaires de l’abaissement de l’imposition des dividendes. Sans oublier que de nombreux patrons de grands groupes de presse (p. ex. les familles Ringier et Lamunière – Edipresse) profitent personnellement de la réforme. Sans que leur entreprise ne soit pour autant une PME. Ainsi, le Blick a refusé de publier une annonce de l’USS concernant mediamarkt, probablement par crainte de ne plus bénéficier des annonces de cette chaîne.
Les vaudois disent nettement non
La position des vaudoises et des vaudois est très nette. Voilà les partisans des baisses d’impôt pour gros actionnaires avertis: Si la droite veut introduire l’abaissement de l’imposition des dividendes dans le canton, elle risque fort d’aller au-devant d’une déconvenue. Les vaudoises et vaudois ont en effet bien compris que le soutien aux PME ne passe pas par des rabais d’impôt dont bénéficient surtout les gros actionnaires.
Prenons les promesses au mot!
Les partisans nous ont promis des emplois et des places d’apprentissage dans les PME. Nous ne pouvons donc qu’attendre pour voir comment ils tiendront cette promesse! Il sera aussi fort intéressant de savoir combien d’emplois auront créé en Suisse les grandes entreprises dont les actionnaires bénéficient désormais d’un large rabais d’impôt. Et combien auront plutôt empoché le rabais d’impôt… ou l’auront investi ailleurs qu’en Suisse.
On nous a aussi seriné que la réforme de l’imposition des entreprises II ne nuirait pas à l’AVS, même si elle la prive de plusieurs centaines de millions par année. Tant mieux. Cela signifie que les partisans de la réforme considèrent que, si l’AVS est suffisamment solide pour supporter une telle baisse de ses revenus, c’est que l’introduction de la retraite flexible est finançable.
Où sont les verts?
Le sondage SSR-idée suisse du 8 février indiquait que près de la moitié de l’électorat des verts ayant annoncé une intention de vote à cette date était favorable à la réforme. Ce n’est certes qu’un sondage, qui plus est réalisé trois semaines avant la votation. Rien n’indique en outre que cette tendance ne se soit véritablement vérifié dans les urnes.
Il n’en demeure pas moins que les verts ont été inexistants tout au long de cette campagne. Alors que le PS avait une page spéciale et a organisé plusieurs conférences de presse, les verts suisses se contentent d’indiquer leur prise de position et de mettre un lien… vers le site du PS. Quant aux verts vaudois, la prise de position est agrémentée d’un logo concernant l’initiative contre les avions de chasse, objet aux enjeux nettement moins importants que le paquet fiscal.
Vu le faible écart, il y a fort à parier qu’un engagement plus marqué du PES aurait pu avoir un impact. Mais force de constater qu’il n’a pas eu lieu. Est-ce un signe de leur glissement au centre (ou vers le ni-à-gauche-ni-à-droite)? Difficile de le dire à ce stade. Cela n’en démontre pas moins les conséquences pratiques d’un transfert de voix PS aux écologistes.
Je suis comme toi, je me demande où étaient passé les vrais verts, occupés à se choisir un Président sans partage ?