Renforcer la cohésion sociale, fortifier la Suisse

Les tentatives de faire payer aux salariés la surévaluation du franc, par exemple en augmentant le temps de travail, sont de plus en plus nombreuses. Elles font craindre que ce soient eux qui devront subir en premier les conséquences des difficultés économiques qui nous menacent. Or, ils avaient déjà l’impression, sinon la certitude, que les bénéfices de la croissance leur étaient refusés et que leur lot se composait plutôt de loyers en hausse, de prix surfaits, de salaires stagnants, de pouvoir d’achat en berne.
Ce constat est corroboré par le creusement des écarts de revenus et de fortune au cours des dernières années.

Pendant que les classes modestes et moyennes voyaient fondre leur revenu disponible (ce qu’il reste à la fin du mois après tous les paiements, y compris des impôts), celui des très hauts revenus (0,5% de la population) augmentait nettement. C’est le résultat de la politique que la droite mène pour redistribuer les revenus en faveur des nantis: Bouclier fiscal, cadeaux fiscaux aux actionnaires et aux grandes entreprises, forfaits fiscaux, diminution de l’impôt sur les successions, baisses linéaires du taux d’impôt, tout a été entrepris dans le but d’alléger la charge fiscale des classes les plus aisées, sans que les autres contribuables en bénéficient de manière substantielle.
Il y a pire encore, car ils en subissent les effets pervers: les cantons qui ont baissé leurs impôts à outrance doivent réduire les prestations publiques (Schwytz doit, par exemple, fermer des hôpitaux régionaux). Et la facture pourrait s’alourdir : la «réforme de l’imposition des entreprises II» a coûté 20 fois plus cher qu’annoncé au moment du vote populaire, sans que le Conseil fédéral y voie matière à répéter un scrutin manifestement faussé.
Il est temps d’inverser la tendance et de réduire les écarts de revenus et de fortune, car, à terme, ils menacent la cohésion sociale. Il ne s’agit pas de jouer à Robin des Bois, mais de répartir plus équitablement les richesses, qui n’ont pas été créées par quelques-uns, mais par les efforts de tous.
Logiquement, les socialistes s’engagent pour diminuer les écarts salariaux, en instaurant un salaire minimum qui garantit un revenu décent, en défendant les salaires contre la sous-enchère et en fixant des limites aux bonus abusifs des top managers. Ils proposent aussi de renforcer les assurances sociales en soumettant la totalité des salaires aux cotisations sociales et en créant un impôt sur les successions de plus de 2 millions de francs. Cet impôt ne toucherait que 3% des héritiers, les entreprises familiales et les exploitations agricoles en seraient exemptées et les deux-tiers des recettes iraient à l’AVS.
«La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres» dit la Constitution fédérale. Laisser croître les écarts de revenus et de fortune tout en demandant des sacrifices à la majorité de la population n’est certainement pas compatible avec notre texte fondateur.

Texte paru aujourd’hui dans «24 heures»

©USS

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