Réponse du Conseil d’Etat à l’interpellation sur les conséquences de la révision de la LACI

Suite à l’acceptation des coupes dans l’assurance-chômage (refusées par les vaudois), j’avais interpellé le Conseil d’Etat sur les conséquences de ce démantèlement social et sur la stratégie qu’il compte appliquer pour contrer ses effets dévastateurs, en particulier sur les catégories les plus vulnérables de chômeurs (p. ex. les chômeurs âgés de plus de 55 ans). La réponse du gouvernement a été débattue cet après-midi au Grand conseil. Elle est assez décevante.

Un canton résigné
D’une part, le Conseil d’Etat semble résigné à avaler le report de charge sur l’aide sociale (dont sur les contribuables des cantons et des communes). Certes, il a mené quelques démarches auprès de la Confédération pour tenter d’assouplir les nouvelles dispositions de la LACI, mais il aurait été beaucoup plus efficace de s’opposer à la révision de la loi pendant la votation. Or, les membres bourgeois du Conseil d’Etat y étaient malheureusement favorables et Berne aura beau jeu de leur rétorquer qu’ils ne peuvent se plaindre des conséquences d’une révision qu’ils ont pourtant soutenu.
En outre, le Conseil d’Etat ne semble guère vouloir s’attaquer à la racine du problème, en particulier les problèmes de formation professionnelle des chômeurs. S’il assure s’investir en faveur de la formation professionnelle initiale (c’est vrai), il évacue la question sur la pénurie de main d’œuvre qualifiée d’une pichenette. Heureusement, les socialistes sont actifs, tant au niveau cantonal (postulat Grégoire Junod pour encourager l’allocation de formation) que fédéral (motion Ada Marra pour encourager l’apprentissage d’un nouveau métier par les personnes au chômage). Le Parlement vaudois n’était d’ailleurs guère plus disposé à soutenir la formation continue, lui qui a rejeté ma motion sur ce sujet.
Ensuite, la première mesure que le Conseil d’Etat met en avant dans sa réponse est la plus contestée et contestable de toute: INGEUS. C’est une mesure mise sur pied par une multinationale australienne, au fonctionnement très opaque, au succès très incertain et dont les seules choses que l’on sait est qu’elle coûte extrêmement cher (entre 3800.—Fr. et 6200.—Fr. par chômeur comme le révélait récemment le «Matin Dimanche») et qu’elle se fait aux dépens des organisations à but non-lucratif, même si ces dernières affichent – contrairement à INGEUS – des succès tangibles et un réel savoir-faire en matière de réinsertion. Mais, contrairement à ces dernières, INGEUS est autorisée par le canton à faire des bénéfices et des réserves financières. Encore un exemple de privatisation des bénéfices.

Quelques points positifs tout de même
Certes, tout n’est pas à rejeter dans la réponse du Conseil d’Etat. D’une part, ce dernier se déclare prêt à assumer le coût de l’augmentation du nombre des bénéficiaires de l’aide sociale. Enfin, il rappelle qu’il a une véritable stratégie de lutte contre la pauvreté (les prestations complémentaires pour familles et rentes-ponts pour chômeurs âgés), qui, si elle ne cible pas directement les chômeurs victimes de la révision de la LACI, donnera un vrai coup de pouce à de nombreux travailleurs pauvres, en particulier les familles monoparentales ou les travailleurs âgés. Cette stratégie a malheureusement été attaquée en référendum par les milieux patronaux, les libéraux et l’UDC. Espérons que le peuple l’approuvera le 15 mai prochain!

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