Le parlement n’a pas le droit d’être pingre avec la formation !

 

Cet automne a lieu le débat sur les crédits pour la formation. De combien doit-on augmenter les moyens de nos écoles et hautes écoles? +4,5%, + 6%, + 8% ou même +10%? C’est une histoire de gros sous d’une importance capitale!

La dernière fois que la Parlement a eu à voter des crédits pour la formation, ce fut un fiasco. Lors des débats, tous les partis, à l’exception notable de l’UDC, ont claironné leur attachement aux investissements dans la matière grise et votés des crédits conformes aux besoins et aux ambitions de notre pays. Malheureusement, la majorité bourgeoise a repris d’une main ce qu’elle avait donné de l’autre et ces crédits ont fondu comme neige au soleil lors de chaque exercice budgétaire. Pour nos institutions de formation, c’est la stagnation, d’autant plus dommageable que de nombreux pays européens, par exemple l’Irlande, qui peut s’enorgueillir d’accueillir une multinationale pharmaceutique à la place d’Yverdon-les-Bains, ont quant à eux compris l’importance de l’éducation et ont dépensé sans compter, assurés de toucher de confortables dividendes. En effet, un franc investit dans la formation en rapporte trois.


Quatre ans plus tard, les besoins n’ont pas diminué, au contraire. Notre système éducatif a fait ses preuves, nos écoles et hautes écoles sont excellentes, mais elles ne peuvent maintenir et améliorer leur niveau pour se développer et rester concurrentielles qu’avec une augmentation conséquente des crédits. Or, le Conseil fédéral, emmené par l’UDC (encore elle), ne souhaite accorder à la formation qu’une misérable augmentation de +4,5%, synonyme de régression. Et de baisse de qualité. Le Conseil des Etats fait mieux, certes, mais s’en tient à demander +6%. C’est cependant insuffisant, comme le montre l’exemple de la formation professionnelle.
Cette voie de formation est suivie par deux tiers des personnes actives. Elle nous est enviée par de nombreux pays, impressionnés non seulement par le nombre de médailles raflées par la Suisse lors des concours des métiers, mais surtout par l’excellence de notre main d’œuvre. Or, la formation professionnelle a besoin d’augmenter son financement et la Confédération est particulièrement concernée. En effet, la nouvelle loi sur la formation professionnelle (LFPr), adoptée en 2003, augmente les ressources que la Confédération doit mettre à la disposition des cantons. Malheureusement, Berne peine à tenir ses engagements. Sans une augmentation d’au minium 7% des montants, impossible pour la Confédération de remplir ses obligations. Et, surtout, impossible pour les cantons d’assurer les standards de qualité qu’exige notre formation professionnelle. Bien plus, avec +7%, pas question de viser autre chose que le maintient du statu quo, ce qui est impensable vu les problèmes actuels du marché des places d’apprentissage. Les quelque 23’000 jeunes en attente d’une place de formation et les entreprises des branches où la main d’œuvre qualifiée commence à manquer, par exemple l’horlogerie, doivent inciter les parlementaires à ne pas suivre le Conseil fédéral dans ses comptes d’épicier et ses calculs de mère-la-rigueur. Ils doivent donc accorder une augmentation des crédits suffisante pour apporter les innovations nécessaires, soit d’au moins +10%. Faute de quoi, le système est condamné dans le meilleur des cas à ne pas pouvoir appliquer les innovations introduites par la LPFr, et dans le pire à régresser.
Quant à ceux dont le programme politique se résume au « moins d’Etat » et aux programmes d’économies, qu’ils se souviennent de cette phrase de J. F. Kennedy : « A long terme, il n’y a qu’une chose qui soit plus chère que la formation : pas de formation ».

Colonne parue dans 24 heures, rurique « l’invité »

2 réflexions sur « Le parlement n’a pas le droit d’être pingre avec la formation ! »

  1. « par exemple l’Irlande, qui peut s’enorgueillir d’accueillir une multinationale pharmaceutique à la place d’Yverdon-les-Bains, »

    Je ne suis pas persuadé que les Fribourgeois vous pardonnent ce raccourci :o))

  2. En effet, mais cet article étant destiné au lectorat vaudois de « 24 heures », je suis resté valdo-vaudois. Mais la réflexion est aussi valable pour les fribourgeois!

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