Circonvolutions à propos d’arguties… (carnet de campagne, épisode 8)

Si vous aimez les arguties, les circonvolutions, voire le coupage de cheveux en quatre, accusez les spécialistes des arguties… d’en faire. Et vous serez servis ! J’ai testé pour vous.

Le PS prépare une initiative pour rendre le financement des campagnes politiques plus transparent. L’idée est de rendre public tout don dépassant la somme importante de 10’000.—Fr. L’absence de règle sur le financement des campagnes est en effet un des graves défauts de la démocratie helvétique, et la Suisse se fait régulièrement épingler au niveau international pour cette lacune. Or, la campagne actuelle est la plus chère de l’histoire. Et les sondages donnent gagnant les deux partis qui dépensent le plus (et leurs candidats avec eux) : l’UDC et le PLR. Pourtant, ces deux partis n’ont de cesse de prétendre d’une part qu’il ne dépensent pas tant que ça, (même si « Le Temps » vient de révéler que les sommes – pharamineuses – déclarées par les candidats sont largement en-dessous de la réalité) et d’autre part, que l’argent n’influence pas le résultat du vote (mais alors, pourquoi dépensent-ils autant, si cela ne sert pas à grand’chose ???)… Par ailleurs, leurs candidats, la bouche en cœur, prétendent tous ne recevoir que des « petits dons » (de quelques centaines de francs tout au plus) ne provenant que « de simples citoyens ». Et que, si d’aventure une entreprise ou une organisation les finance, jamais au grand jamais ils ne se plient aux désidértas de leur(s) mécène(s).

Ils ne devraient donc pas craindre une règle rendant public les dons dépassant 10’000.—Fr. Que nenni ! La proposition sitôt publiée, les voilà qui la combattent, l’un parce que « ce n’est pas cette transparence-ci qui est importante », l’autre parce que « la règle pourrait être contournée », le troisième parce que le financement de la chose publique « relève de la sphère privée » et le quatrième parce que « les entreprises ne veulent pas dire qui elles financent pour ne pas fâcher certains consommateurs » ( !)… Et quand on accuse cette bande de faire des arguties pour éviter de dire que l’idée du PS est non seulement bonne, mais surtout indispensable au bon fonctionnement d’une démocratie moderne… on est submergé d’arguties supplémentaires ! Ce long échange sur twitter en témoigne :

 

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Financement des partis: Histoire de gros sous

Les grandes entreprises financent exclusivement les partis bourgeois. Dans l’opacité la plus totale. Et à coup de millions. Résultat: lors des campagnes de votations, la gauche et les syndicats se battent souvent à un contre dix (parfois un contre vingt). Certes, une telle débauche de moyens ne suffit pas toujours à emporter le morceau, on l’a vu par exemple lors de la campagne contre la baisse des rentes du 2ème pilier. Mais il n’en demeure pas moins que cet argent a un impact, contrairement à ce que prétendent, la bouche en cœur, ceux qui en bénéficient. J’en veux pour preuve le fait que les patrons d’entreprises et les dirigeants des milieux économiques sont, en général, des gens raisonnables qui savent gérer leur argent. Si ça ne servait à rien, ils ne jetteraient pas autant de millions par la fenêtre!

La proposition du Crédit Suisse et de la Banque Raiffeisen de désormais financer tous les partis en fonction de leur nombre d’élus soulève un émoi au sein du PS. Dont de nombreux dirigeants sont tentés d’abandonner l’indépendance du parti, quasi seul en Suisse a faire preuve d’une indépendance totale par rapport aux entreprises. Même si elle paraît alléchante (la politique coûte de plus en plus cher, surtout avec l’UDC qui fait de la surenchère à coup de moyens illimités à l’origine douteuse) et propre à ne pas menacer l’indépendance du parti (CS et Raiffeisen proposent de donner à tout le monde selon des critères prétendument transparents), elle n’en demeure à mon avis pas moins inacceptable. Voici les raisons qui me pousseront à refuser cette «manne» lorsque le congrès du parti se prononcera (eh oui, au PS, ces décisions cruciales se prennent de manière démocratique, tous les partis ne peuvent pas en dire autant) : Continuer la lecture