Multicheck, basic-checks etc.: l’arnaque est désormais scientifiquement démontrée

Malgré leur coût élevé (et probablement grâce à ce coût élevé), le petit business des multichecks, basic-check et autres tests de sélection des apprentis continue à se développer, principalement sur le dos des jeunes qui cherchent un apprentissage et de leurs familles (même si, grâce au travail des députés socialistes, ils sont désormais à la charge des employeurs dans le canton de Vaud). L’USS a régulièrement dénoncé l’usage de ces tests. Récemment, le conseiller national Jacques-André Maire (PS/NE) a interpellé le Conseil fédéral pour que l’administration fédérale et les entreprises qui dépendent de la Confédération renoncent à employer ces tests pour sélectionner leurs apprentis. Le Conseil fédéral soutient malheureusement ces tests, estimant dans sa réponse que la sélection des apprentis deviendrait plus difficile sans ces tests.
Mais une étude scientifique du centre de recherche conjoncturelle de l’EPFZ (KOF), révélée aujourd’hui par le «matin dimanche», vient de démontrer que ces tests sont inutiles pour prédire tant le succès de la formation que le comportement pendant celle-ci (en particulier la propension à l’interrompre prématurément).

Pis, les résultats scolaires, même s’ils sont difficiles à comparer (il faut dire qu’ils sont le fruit de 26 systèmes cantonaux de formation), sont, selon l’étude du KOF, plus efficaces que les tests. Or, il s’agit des trois arguments dont la publicité pour ces tests, les employeurs et le Conseil fédéral se servent pour en justifier l’usage: Selon ces avis, les multicheck et consorts serviraient à faciliter le recrutement en s’assurant que les apprentis ont bien choisi leur formation et la réussiront dans de bonnes conditions. Ils doivent aussi permettre de se faire une idée du niveau scolaire des postulants plus facilement qu’en examinant les bulletins scolaires.
L’étude du KOF démontre que ces tests de sélection ne remplissent aucun des objectifs qu’ils se donnent. Pis, ils sont carrément moins efficaces que les bulletins scolaires qu’ils prétendent remplacer. Enfin, l’étude révèle une autre grave lacune des tests: Le résultat n’est calculé que de manière relative, par rapport aux résultats des autres personnes qui ont passé le test. Ainsi, un futur apprenti qui obtient un résultat que le test juge «insuffisant» est considéré comme «inapte» au métier en question. Or, il n’a en réalité obtenu qu’une note inférieure à la moyenne des postulants. Ce qui ne veut en aucun cas dire qu’il n’est pas capable d’apprendre le métier en question. A l’inverse, celui qui obtient un résultat supérieur à la moyenne pourrait fort bien ne pas être «apte au métier» (même si c’est ce que conclut le test): Il n’a en réalité qu’obtenu un résultat meilleur que les autres personnes testées. Or, ce n’est pas parce que l’on est simplement «meilleur que les autres» à un test que l’on est forcément «apte». Au final, l’étude du KOF le démontre, un très bon résultat au test n’est en aucun cas une garantie de bons résultats à l’école professionnelle. Et, à l’inverse, un mauvais résultat au multicheck ne signifie pas que l’apprenti aura des résultats inférieurs à la moyenne… Bref, ces tests ne sont fiables dans aucun cas.
Les victimes sont nombreuses: les patrons, qui croient bénéficier d’une aide à la sélection fiable, les familles des jeunes (et parfois les employeurs) qui paient (fort cher) ces tests inutiles, et enfin les jeunes à qui on a refusé abusivement une place d’apprentissage à cause d’un test mal fichu.

Les tests multichecks, basic-checks et compagnie ne sont donc qu’une vaste arnaque à laquelle il s’agit désormais de mettre un terme d’autant plus rapidement que, dans la plupart des cas, ce sont les jeunes à la recherche d’un apprentissage et leurs familles qui en font les frais.

6 réflexions sur « Multicheck, basic-checks etc.: l’arnaque est désormais scientifiquement démontrée »

  1. Je vous prie de m’excuser si c’est un long texte. Aussi, je m’excuse si le texte est mal rédigé.

    J’ai un exemple récent de ces évaluations dans multichecks.
    j’ai fait un multicheck Informaticien CFC, TIC. J’ai été très surpris par l’évaluation.
    Dans le premier cas, ils fournissent dans le site un exemple ridicule de l’examen.
    Cela pousse les gens à croire que le test sera facile, donc plusieurs inscriptions/plus de profits. Marketing je comprends. mais ne cesse pas d’être une mauvaise note.

    Au moment de l’examen, il est à noter que le degré de difficulté de l’exemple donné, avec le véritable test, c’est tout simplement ridicule.
    Et malgré le fait que le français n’est pas ma langue maternelle, je n’ai pas eu de problèmes.
    Mais le temps qu’ils fournissent pour chaque catégorie de questions est très faible.
    Aussi incroyable que cela puisse paraître, au milieu de questions (par exemple 5/10), et la moitié du temps (4 minutes) le test ferme simplement ce groupe de questions, sans aucune erreur de la part de l’utilisateur, et m’oblige à commencer les prochaines questions.
    Cela m’est arrivé 3 fois au cours de l’examen.
    Au moins 15 questions étaient fermées sans même occasion de répondre. Et je l’ai confirmé, J’ai eu beaucoup de temps restant.
    Au moment du test, j’ai demandé au superviseur. Le superviseur n’a pas donner d’explication fiable à ce sujet. « Tout fonctionne comme ça » son réponse.
    Le test aura certains critères qui permettent ça? Peut-être, mais je pense que c’est très suspect, sans doute.

  2. Bonjour,
    J’accompagne régulièrement des élèves pour des projets professionnels dans la fin de leur scolarité obligatoire et je suis confronté au scandale que constitue les multichecks, désormais obligatoires pour les entreprises telles que la COOP pour je citer qu’eux…
    À la lecture de votre article, je me demande si vous aviez entrepris des démarches depuis lors ou si vous avez des conseils à partager pour essayer de rendre la population et les politiques attentifs à cette situation dramatique, en particulier pour les élèves les plus défavorisés.
    Un grand merci d’avance et meilleures salutations,

    • Bonjour, comme je n’ai plus d’activité politique autre que communale, je n’ai pas entrepris récemment d’autres démarches. Comme député cantonal, j’avais fait introduire cette clause dans la loi cantonale vaudoise sur le formation professionnelle:

      Art. 12
      Test de sélection
      1

      Les entreprises formatrices prennent à leur charge les tests qu’elles exigent pour la sélection des candidats à l’apprentissage.

      Cette règle est toutefois difficile à faire appliquer. D’une manière générale, les employeurs qui exigent des démarches précontractuelles (même si aucun contrat n’est finalement conclu), doivent rembourser tous les frais que cela engendre. Mais le problème vient alors du fait que les apprenti-e-s et candidat-e-s à l’apprentissage n’exigent pas ce à quoi ils ont droit, de peur de se fâcher avec un employeur potentiel. Hélas, le sujet a un peu disparu des radars médiatiques, alors que ces tests existent toujours et qu’ils ne se sont pas améliorés. Bref, je suis un peu navré de ne pas pouvoir vous donner de meilleures nouvelles…

      • Un grand merci pour votre réponse.
        Travaillant sur le canton de Neuchâtel mais en lien avec beaucoup d’enseignants des cantons du Jura et de Berne francophone, je vais essayer de nous regrouper pour tenter d’alerter nos politiques respectifs pour modifier ces pratiques insupportables.
        Je sais pas si vous êtes au courant, mais le test multichecks coûte désormais 85 Fr…
        Un grand merci pour votre article et votre suivi, je ne manquerai pas de vous tenir au courant si nous aboutissons à un quelconque résultat…

  3. Bonjour,

    gateway.one, entreprise développant le Multicheck et Basic Check, recommande aux entreprises de rembourser les frais du test, au plus tard lors de l’engagement.

    Plussieurs entreprises romandes prennent en charge les frais du test déjà lors de la préselection.

    La pertinence du test à été verifier dans le cadre de plussieurs travaux de Master, de Docteur ainsi que par les soins de gateway.one.

    Comme le test comporte une partie potentiel et compétences professionnelles, il prédit bien plus que les notes scolaires, car une personne ayant des capacités cognitives plus développé, aura plus de facilité à apprendre. (Pas besoin d’être psychologue ou politicien pour la savoir).

    Certes, le Multicheck et Basic Check ne teste pas la motivation, la personnalité ou les valeurs des candidats, ceci revient à l’entreprises. Qu’elle utilisent un test ou non, c’est elle qui décide.

    Finalement les test sont la pour prédire si les candidats ont toutes les capacités pour réussir un apprentissage ou non. Je vous rappelle qu’une année perdu dans la formation coûte entre 15’000 et 25’000.-. Vous savez exactement que c’est au contribuable de payer ces frais.

    Alors, que sont ces 100.- à côté? En plus, les jeunes en dificulté financière sont soutenus par l’association Check your Chance (Vaud projet LIFT).

    • Non, ni les basic check ni le multicheck ne président le succès ou l’échec d’une formation professionnelle. Il n’y a pas moins d’échecs depuis que vous vous enrichissez sur le dos des apprentis et de leur familles, étant entendu que votre « recommandation » de rembourser les tests (ce qui est d’ailleurs une obligation légale) n’a en pratique presque aucun effet. Enfin, le nombre de fautes d’orthographes dans votre commentaire en dit long sur le sérieux de votre entreprise et de vos tests.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *