Partiront-ils?

A chaque fois que l’on parle d’impôt, c’est la même rengaine: «Si on augmente leurs impôts, les contribuables aisés partiront» claironnent les partisans de la sous-enchère fiscale. Ainsi, comme ils n’arrivent pas à faire croire que l’initiative contre les abus de la concurrence fiscale augmentera les impôts de tous les contribuables (alors que le texte ne vise que 1 % d’entre eux), les partis bourgeois nous promettent immanquablement un «exode des riches» en cas d’acceptation de l’initiative. Encore une fois, ils jouent sur la peur avec des motifs infondés.
Certes, en cas de hausses d’impôt, certains gros contribuables pourraient partir. Suffisamment aisés pour se permettre de déménager avec armes et bagages du jour au lendemain, ils ne se soucient pas d’avoir à trouver un nouveau logement, fût-il luxueux, dans un autre paradis fiscal, fût-il lointain. Mais ces quelques contribuables volatiles et sans attaches risquent de toute façon de partir en tout temps, même en cas de baisse d’impôt. En effet, si leurs conseillers fiscaux leur dénichent un autre paradis fiscal qui leur permet de payer encore moins d’impôt, ils abandonneront la Suisse sans état d’âme, même si canton et commune de domicile leur promettent monts et merveilles pour qu’ils restent. Mais il ne s’agit que d’une toute petite minorité.
Quant à la grande majorité des contribuables très aisés, leur installation en Suisse ne dépend pas que de fiscalité. S’ils s’y sont installés, c’est aussi – et surtout – pour la qualité de vie, la position au centre de l’Europe, les hautes écoles réputées, les emplois à haute valeur ajoutée, les infrastructures de transports performantes, la sécurité publique, la stabilité politique, la sécurité juridique, l’offre culturelle, l’environnement préservé, la vue sur le lac (qu’il s’agisse de celui de Zoug, des Quatre-Cantons ou du Léman), etc. Si l’initiative était acceptée et leur imposait un taux marginal décent pour leurs revenus imposables dépassant 250’000.—Fr. et leur fortune imposable dépassant 2 millions (les taux d’impôt pour les tranches inférieures à ces montants restants inchangés), ils ne partiraient pas, car leur décision de rester ou de quitter la Suisse dépend essentiellement d’autres critères. Ils partiraient d’ailleurs d’autant moins que, même avec les taux préconisés par l’initiative, la fiscalité resterait très basse en comparaison internationale. En revanche, si la sous-enchère fiscale abusive devait se poursuivre et vider les caisses de l’Etat à un point tel que la qualité de vie s’en ressentirait, là, nul doute qu’ils mettraient les voiles. Ce dont la majorité des citoyens n’a soit dit en passant pas les moyens.
L’initiative pour la justice fiscale, en mettant un terme à une sous-enchère fiscale ruineuse, permettra aux cantons de maintenir la qualité de vie, de continuer à investir et à offrir à leurs citoyens des prestations de qualité. Ce qui contribue aussi à l’attractivité de notre pays.

6 réflexions sur « Partiront-ils? »

  1. Donc pour vous, on peut augmenter les impôts sans raison, juste parce que la Suisse est belle et que certains hésiteraient à partir? Quelle belle preuve de collectivisme…

  2. Vous voulez faire croire que nous sommes un paradis fiscal…laissez-moi rire—ce n’est vrai que pour les très riches contribuables qui ont effectivement le choix d’aller voir ailleurs. Quant à moi, quand j’ajoute à ma facture d’impôt mes cotisations d’assurance-maladie (impôt déguisé) + les diverses et nombreuses taxes je ne vois pas très bien où est le paradis…
    Occupez-vous de la masse des contribuables moyens et fiscalisés à l’extrême.

  3. @drevet danielle. Vous avez raison, la Suisse n’est un paradis fiscal que pour les gros contribuables, pas pour la classe moyenne. Il n’est en effet pas acceptable que la classe moyenne voit son pouvoir d’achat réduit, alors que les contribuables les plus aisés paient de moins en moins d’impôts. L’initiative du PS changera cela en imposant d’une manière décente les hauts revenus et les grandes fortunes. En votant oui à la justice fiscale, nous pourrons donner une signal fort pour que les intérêts des classes moyennes passent avant ceux qui classes aisées!

    Et, parallèlement, le PS se bat (et il est le seul à le faire) pour baisser les primes d’assurance-maladie , p. ex. en augmentant les subventions ou en introduisant une caisse-maladie unique. Dans le canton de Vaud, nous avons aussi lancé une initiative populaire pour réduire les impôts de la classe moyenne en accordant un rabais d’impôt à toute personne qui paie trop de primes LAMAL: http://www.schwaab.ch/archives/2009/05/06/signez-pour-un-rabais-dimpot-contre-la-hausse-des-primes/
    J’espère que vous soutiendrez cette intiative!

  4. @ M. Schwaab:

    « L’initiative du PS changera cela en imposant d’une manière décente les hauts revenus et les grandes fortunes. »

    Décente, vous voulez rire? Ils paient déjà beaucoup! Votre politique est basée sur la haine et la jalousie de ceux qui gagnent plus. Lamentable vos propos et votre argumentation.

    Selon votre logique, il faudrait alors vendre le kilo de pain à 1,500.- pour les riches?

  5. Philippe, vous confondez impôts et prix à la consommation. il n’y a aucun lien logique entre prix à la consommation fixé par des privés selon les lois du marché et taux d’impôts, fixé par l’Etat pour financer ses tâches.

  6. Et en quoi cela serait-il valable pour l’assurance-maladie?

    Concernant votre argumentation, j’ose espérer que les Vaudois ne seront pas dupent de croire qu’en augmentant les subventions étatiques, le contribuable y gagne. L’Etat donne d’un côté et reprend de l’autre…

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