Des coupes sur le dos des jeunes chômeurs ou comment le rêve de Thomas Daum pourrait devenir réalité

En mai 2006, lors de son entrée en fonction comme patron des patrons, M. Daum avait provoqué un tollé en proposant de diviser par deux les indemnités journalières pour jeunes chômeurs. L’indignation avait alors été grande dans les organisations de jeunesse, mais aussi chez tous ceux qui défendent les intérêts des jeunes générations. 4 ans plus tard, avec la 4ème révision de la LACI, son rêve est malheureusement presque devenu réalité. En tout cas, il a déjà passé comme une lettre à la poste au Parlement. La révision de la LACI n’a à la base pas été conçue comme une attaque spécifiquement dirigée contre les jeunes. Mais les mesures discriminatoires sont venues petit à petit:

  • Le projet du Conseil fédéral, qui contenait la division presque par trois les prestations pour les personnes qui achèvent une formation et qui ont été libéré de l’obligation de cotiser, était déjà défavorable aux jeunes en formation. Cette mesure n’est pas dirigée contre une classe d’âge en particulier, mais, par la force des choses, elle concerne avant tout les jeunes.
  • Puis, le conseil des Etats a ajouté une première mesure discriminant les chômeurs en fonction de leur âge en sabordant la notion de « travail convenable » pour les moins de 30 ans. 
  • Ensuite, le Conseil national a fait sienne la proposition de M. Daum en divisant par deux le nombre d’indemnités journalières pour les moines 30 ans, faisant fi de la mobilisation des jeunes, qui ont été des centaines à sensibiliser leurs élus par SMS. 
  • Les Etats ont certes corrigé le tir en n’appliquant la mesure qu’au moins de 25 ans sans enfants à charge. Mais, même si d’aucun ont prétendu que la chambre des cantons avait «édulcoré le projet», cette dernière n’en a pas moins elle aussi durci sa position ! Il est intéressant de relever le commentaire du rapporteur de la commission Alex Kuprecht (UDC/SZ) qui jugeait la baisse des indemnités des moins de 30 ans «un peu injuste et discriminatoire»!

Nous sommes donc face à une stratégie de discrimination systématique des jeunes, qui, même s’ils cotisent autant que leurs collègues plus âgés, auront droit à moins d’indemnités du seul fait de leur âge. En matière d’assurance sociale, c’est du jamais vu! Ces coupes discriminatoires arrivent en outre à un moment où les jeunes sans emploi ont besoin d’une assurance-chômage solide : depuis une année, le nombre de jeunes chômeurs de longue durée – ceux-là qui pâtiraient particulièrement de la baisse de la durée d’indemnisation – a pris l’ascenseur dans des proportions inimaginable: +133 % (contre +102% chez les 25-49 ans)! D’une manière générale, même s’il a heureusement baissé, le taux de chômage des jeunes reste bien plus élevé que celui des autres catégories d’âge et il a augmenté de près de 60% depuis le début de la crise.

Nous ne savons pas ce que les prochains mois nous réservent, mais une chose est sûre: A chaque fois que le chômage augmente, le chômage des jeunes augmente plus fort et plus vite. Dans ces conditions, s’en prendre de manière ciblée à une des catégories de chômeurs les plus vulnérables (et ce n’est d’ailleurs pas la seule, les chômeurs âgés et de longue durée vont aussi subir des coupes!) est tout simplement irresponsable.

(texte présenté le22 juillet à la conférence de presse du comité des associations de jeunesse contre la discrimination des jeunes dans l’assurance-chômage)

4 réflexions sur « Des coupes sur le dos des jeunes chômeurs ou comment le rêve de Thomas Daum pourrait devenir réalité »

  1. Mais ce sont des propositions acceptables! Il ne faut pas se voiler la face. L’assurance-chômage fait des milliards de déficits, il faut bien assainir en proposant des mesures supportables. Il est plus logique de cibler ses mesures sur les « jeunes » plutôt que sur les plus de 55 ans.

    Et svp, arrêtez de parler au nom des jeunes. L’UNES ne représente pas les avis des étudiants, puisque cette association a été « appropriée » par les jeunes syndicalistes et autres jeunes socialistes. Elle ne représente dès lors que l’avis des jeunes gauchistes de nos hautes écoles et universités.

  2. On peut toujours discuter sur la façons dont l’AC doit être assainie, car vous avez raison sur un point, Philippe, l’AC doit effectivement être assainie à cause des promoteurs de la précédente révision de la LACI, qui se sont basés sur des chiffres erronés et ont précipité l’AC dans les dettes… Il y a d’autres méthode pour assainir l’assurance sans reporter les coûts sur l’aide sociale et les contribuables (car c’est bien ce qui va arriver): Soit on applique le frein à l’endettement prévu dans la LACI actuelle, soit on perçoit des cotisations sur l’entier du revenu (comme ce qui se fait pour l’AVS) et non sur la tranche qui va jusqu’à 125’000.–Fr. par an.

    Quant à « parler au nom des jeunes », que ça vous plaise ou non, sachez qu’à la conférence de presse, le CSAJ, qui représente au bas mots 300’000 jeunes membres d’organisations de jeunesse de toute sorte (et pas seulement de gauche), était présent pour défendre le non. Et au sujet du positionnement de l’UNES, sachez que ses représentants sont tous élus par les étudiants qu’ils représentent. Si cela ne vous plaît pas, tant pis pour vous. D’ailleurs qu’attendez vous pour fonder l’association des jeunes réactionnaires?

  3. Les responsables du CSAJ et de l’UNES sont pour la plupart des gens de gauche… comme par hasard…

    « D’ailleurs qu’attendez vous pour fonder l’association des jeunes réactionnaires?  »

    Etant d’obédience libérale, je suis contre toute forme de lobbysme…

  4. Alors je me réjouis d’avance de lire vos commentaires dirigés, p. ex., contre les associations patronales ou les caisses-maladie, qui sont autant des lobbies que les syndicats, les associations de jeunesse ou d’étudiants.

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