Privés de shopping!

«Les Romands privés de shopping le dimanche» titre aujourd’hui le cahier «économie» du «le Matin dimanche». Mais qu’ont-ils donc fait, ces pauvres Romands pour mériter pareille punition? Car, vu le ton, ça m’a tout l’air d’une punition: «T’es pas sage/ t’as pas fini ton assiette/ t’as pas été poli avec la dame/ t’as pas dit merci; alors, privé de shopping!»
Sauf que, les Romands ne sont pas privés de magasinage dominical, même si c’est ainsi qu’aime à le présenter la presse – souvent unanimement favorable à la libéralisation des heures d’ouverture (il faut dire que les pleines pages de pub des géants du commerce de détail, grands bénéficiaires d’une libéralisation, ça aide). Non, les Romands, que ce soit dans les urnes (Fribourg, Neuchâtel et, espérons-le, bientôt Genève) ou par leurs Parlements (Vaud, Valais), ont décidé non pas de se «priver de shopping», mais de continuer à s’accorder un jour de repos commun, consacré à la famille, aux amis, aux activités sportives ou associatives, ou tout simplement à ne rien faire. Ils ont aussi décidé de ne pas dégrader un peu plus les conditions de travail du personnel de la vente, soumis à des salaires très bas, des horaires très flexibles (travail sur appel, temps partiels imposés) et une quasi-absence de protection conventionnelle. Pas plus qu’ils ne gobent les promesses mirifiques de croissance et d’emploi qu’on leur fait à chaque fois qu’on parle de libéraliser les heures d’ouvertures des commerces, sachant bien qu’un franc dépensé le dimanche ne peut plus l’être la semaine.
Bref, réjouissons-nous de voir que la population ne soit pas prête à sacrifier sa qualité de vie à une consommation débridée. Et tant pis pour ceux prétendent que mettre un frein aux ouvertures dominicales, c’est seulement «priver les gens de shopping».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *