Perdre d’inestimables collections?

Avant de glisser son bulletin dans l’urne, il faut examiner les conséquences d’un refus du musée cantonal des beaux-arts. Quel que soit l’avis que l’on ait sur l’emplacement, sur l’architecture ou sur l’opportunité d’un nouveau musée, il faut bien avoir à l’esprit qu’un «non» le 30 novembre signifierait la perte de collections d’arts inestimables.
Parmi elles, la collection Planque. D’une valeur de plus de 100 millions de francs. Qui contient notamment plusieurs Picasso (les seuls qui appartiendraient au musée cantonal des beaux-arts). Collection qui sera donnée au canton de Vaud, à condition qu’il construise un musée digne de l’accueillir. Mais la fondation n’a promis de donner la collection qu’à condition que le projet de musée progresse d’ici la fin de cette année. Passé ce délai, la collection quittera le canton, pour être confiée à qui saura saisir l’aubaine d’un tel cadeau.
Rééditer le gâchis de la collection Bornemisza-Thyssen?
Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois qu’une collection prestigieuse quitterait la Suisse alors qu’elle avait été offerte à un canton, et que ce canton a été trop stupide pour l’accepter. Il convient de rappeler que le Tessin perdit bêtement la collection Bornemisza-Thyssen, estimée à 4 à 5 fois la valeur de la collection Planque. Madrid sauta sur l’aubaine, et profita du manque de vision des autorités tessinoises pour récupérer la collection. Et les milliers de visiteurs qui vont avec. Il serait impensable que le canton de Vaud commette la même erreur en refusant d’accueillir la collection Planque. C’est pourtant ce qui se passera en cas de non, comme le précisait hier un membre du conseil de fondation dans le courrier des lecteurs du «Temps».
Face à de tels propos, certains ne manqueront pas de hurler au «chantage». Mais il ne s’agit que de voire la réalité en face. Un non entraînera la perte de la collection Planque. Avertir des conséquences d’un vote ne saurait être assimilé à du «chantage».

Il n’y a pas d’alternative au musée cantonal à Bellerive
Certains opposants prétendent ne pas être opposés au principe d’un nouveau musée, car ils ont, disent-ils, «une alternative»: le «grand Rumine». Ils prétendent aussi que, le 30 novembre, «les vaudois ne votent pas sur le principe d’un nouveau musée, mais sur l’emplacement». Mettons ici les choses au point: le projet de Rumine n’est pas une alternative. Et, en cas de non le 30 novembre, il n’y aura pas de nouveau musée avant 15 ans. Au moins.
En effet, l’agrandissement de Rumine souhaité par les opposants, qu’ils sont par ailleurs incapables de chiffrer, n’est pas possible. Car le «Romandie» qu’ils souhaitent utiliser n’est pas disponible, car il abrite le théâtre pour enfants. Pas plus que la place de la Riponne, sur laquelle ils souhaitent placer leurs trois cubes rouge, bleu et jaune: Le parking bénéficie en effet d’un droit de superficie jusqu’en 2039. Avant, impossible de construire quoi que ce soit sur la place. En outre, installer le musée à Rumine en chasserait probablement les autres musées (histoire naturelle, géologie, archéologie, monnaies) et la bibliothèque et ses 300’000 visiteurs annuels. A moins de créer une sorte de musée fourre-tout, alors que tous les spécialistes préconisent des musées des beaux-arts seuls dans leurs murs, car c’est ainsi qu’ils sont le mieux à même d’attirer le plus de visiteurs.

Attendre encore une génération?

Quoi qu’il en soit, même si le «grand Rumine» était sérieux et faisable, ce que les opposants au musée ne manqueront pas de venir expliquer dans les commentaires, renoncer au projet de Bellerive pour tout autre projet repousserait la création d’un nouveau musée à 15, 20, voire 25 ans. Et cet hypothétique nouveau musée –s’il se fait un jour– sera de toute façon privé de la collection Planque.
Le 30 novembre, oui à un musée pour tous les vaudois.

Sur le même sujet, un article de «Lausanne cités»

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