Forces de l’ordre: la privatisation n’est plus rampante, mais évidente

Longtemps, même les plus convaincus des ultralibéraux prétendaient que certaines tâches publiques, parmi elles la police ou l’armée, ne sauraient être privatisées. Oh, il y avait bien quelques tentatives de confier quelques mandats à des securitas, mais elles se limitaient en général à des tâches de la police qui ne relèvent pas directement de la sécurité publique, comme faire la circulation ou contrôler du stationnement. Ces tentatives étaient déjà inacceptables. Les vraies bases légales permettant une privatisation de larges pans des tâches des forces de l’ordre sont rares, mais existent, par exemple en Argovie. 

Cette époque est bel est bien révolue et, désormais, les partisans de la privatisation totale de la police avancent à visage découverts. Et donnent le ton.

La majorité bourgeoise du conseil national vient de faire un pas de plus vers la police privée: La police ferroviaire pourra être totalement privatisée. Et il ne s’agira plus de banals securitas faisant « régner l’ordre » par leur seule présence. Il s’agira de vrais policiers. Ces agents privés pourront être armés, pourront contrôler des identités, fouiller, interroger, arrêter. Des pseudo agents, dont on ne pourra plus démocratiquement contrôler à qui ils obéissent, qui les paye, comment ils sont recrutés, formés et entraînés, si on peut les acheter, qui ils protègent en priorité, quelle est leur responsabilité en cas de bavure (ou celle de leur employeur), etc. pourront, dans un arbitraire le plus complet, exercer des tâches qui relèvent uniquement de la puissance publique. Car seul l’Etat a le droit de définir, démocratiquement, ce qu’est l’ordre public. Et lui seul a le droit de le faire respecter, démocratiquement, là aussi.

Si le Conseil des Etats ne fait pas machine arrière, la question du référendum devra être sérieusement envisagée. Si cette privatisation passe la rampe, la boîte de Pandore sera ouverte. La sécurité publique ne sera plus un droit humain, mais une denrée achetable et soumise à l’arbitraire.

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