Assurance-chômage: aux jeunes, aux vieux, aux faibles de payer?

Le chômage reste, selon le sondage annuel du crédit suisse, une des peurs les plus importantes des Suissesses et des Suisses. Cela n’a malheureusement rien d’étonnant, malgré la haute conjoncture. En effet, le taux de chômage a certes diminué de manière spectaculaire, mais la précarité (recours à l’aide sociale, travail temporaire, sur appel, sous-emploi, travailleurs pauvres, sous-enchère salariale, vides conventionnels, etc.) est en augmentation. Et les difficultés des jeunes et des plus de 55 ans à trouver un emploi restent conséquentes. Beaucoup ont donc peur de perdre leur emplois et ces craintes doivent être prises au sérieux. Le plein-emploi est en core loin.

Trois propositions du Conseil fédéral pour assainir l’assurance-chômage sont donc plutôt choquantes: l’augmentation de la durée de cotisation de 12 à 15 mois pour toucher 400 indemnités journalières, l’augmentation de la durée de cotisation pour bénéficier de 520 indemnités si l’on a plus de 55 ans et l’augmentation du délai d’attente de 6 à 12 mois pour les jeunes sans formation. Ces mesures s’en prennent à trois catégories des chômeurs particulièrement exposées et vulnérables: les travailleurs temporaires, les chômeurs âgés et les jeunes qui n’ont pas trouvé de place d’apprentissage. Or, il s’agit justement de trois catégories qui sont en augmentation, malgré la bonne santé du marché de l’emploi. Le nombre de travailleurs temporaires a pris l’ascenseur ces dernières années et il y a toujours plus de 23’000 jeunes en liste d’attente d’une place de formation. Quant aux difficultés des chômeurs de plus de 55 ans pour retrouver un emploi, elles sont de notoriétés publique. Augmenter la durée de cotisation et le délai d’attente avant de bénéficier des prestations de l’assurance-chômage, c’est exclure toujours plus de monde de cette assurance sociale et reporter les coûts sur l’assistance publique. En outre, les cantons auront droit à moins de moyens pour financer les mesures du marché du travail (3000 Fr. au lieu de 3500): les chômeurs auront donc droit à moins de prestations et les cantons à moins de moyens pour les aider à se réinsérer… Quant aux cantons les plus touchés par le chômage, ils ne pourront plus augmenter le nombre d’indemnités de leurs demandeurs d’emplois.

Cependant, les propositions du conseil fédéral ne sont pas toutes bonnes à jeter. En effet, l’augmentation des cotisations salariales, en particulier du pour-cent de solidarité prélevé sur les hauts salaires, va dans la bonne direction. Car nous devons utiliser la bonne conjoncture actuelle pour assainir l’assurance-chômage en prévision de la prochaine récession. Mais cela ne doit pas se faire sur le dos des (futurs) chômeurs et chômeuses.

12 réflexions sur « Assurance-chômage: aux jeunes, aux vieux, aux faibles de payer? »

  1. Je propose que, juste une fois, tu revoies ton vocabulaire:
    – Avoir droit à des allocations = recevoir sans contribuer
    – Cadeau fiscal = qqun qui payait 20 fois plus qu’un autre, paie maintenant « seulement » 19.8 fois plus… Les deux d’entre eux gagnant leur argent à la sueur de leur front!
    – Aux jeunes, aux vieux, aux faibles de payer? = A ceux qui recoivent d’être incités à montrer de la bonne volonté (et il est complètement impossible d’inciter qqun en faisant payer qqun d’autre*)

    Dans cette perspective, je t’incite et t’appelle à une reflexion sur les conditions-cadre de la création d’emploi… Mais bon, cette reflexion est bien loin des considérations de ton blog, non?

    P « bientôt probablement l’équivalent d’une rente AVS de revenus en moins pour la Suisse »

    * Peut-être faut-il une fois penser au contenu de cette parenthèse…

  2. Salut P!
    Je doute que la plupart des jeunes et de moins jeunes à la recherche d’un emploi fasse preuve de mauvaise volonté. L’aide sociale et la LACI telle qu’elle est actuellement en vigueur sont déjà pas mal incitatives… Mais c’est vrai, on peut toujours faire plus. Cependant, je doute que la situation de chômeur soit si confortable et enviable…

    Cadeau fiscal: eh oui. Si quelqu’un paie moins d’impôt, même s’il continue à en payer beaucoup, mais n’a pas besoin de cette baisse parce qu’il a largement les moyens de payer ses impôts… et surtout conserve un revenu confortable une fois les impôts payé, moi, j’appelle ça un cadeau.

    Les conditions cadres de la création d’emplois: Un soutien à la recherche et à l’innovation (souvent de l’argent public), des investissements dans les infrastructures et la formation (de l’argent public), un pays stable et sûr (aussi grâce à des moyens publics), et, je te le concède, des impôts pas trop élevés. Mais ce dernier point est loin d’être déterminant et je pense en outre que la Suisse est plutôt bien lotie en matière d’impôts, non? cf http://www.schwaab.ch/archives/2007/11/21/les-8400/#comment-3079 et http://www.schwaab.ch/archives/2007/11/21/les-8400/#comment-3078

  3. Salut JC, Salut P,

    @ P: « Avoir droit à des allocations = recevoir sans contribuer »: no entiendo….les cotisations mensuelles que mon employeur et moi-même versons à l’AVS, l’AI, l’APG, et l’AC sont bien réelles (du moins selon ma fiche de paie); on peut discuter sur la hauteur des montants versés et redistribués, mais le principe me paraît quand même assez raisonnable: je finance une assurance quand je me porte bien et je m’appuie sur ses prestations quand ça va mal.

    @JC: « mais n’a pas besoin de cette baisse parce qu’il a largement les moyens de payer ses impôts… et surtout conserve un revenu confortable une fois les impôts payé, moi, j’appelle ça un cadeau « . Moi aussi, et je trouve ça très bien !

    Un riche qui paie beaucoup d’impôts, c’est bon pour les caisses de l’Etat; un riche qui paie chaque année beaucoup d’impôts, c’est encore mieux pour l’Etat. Pour cela, 2 conditions doivent être réunies:
    – le riche doit rester riche;
    – le riche ne doit pas quitter le pays;
    Vu à long terme, un petit cadeau fiscal nuit-il donc réellement à l’Etat ? Je n’en suis pas convaincu ! Tu as sûrement lu les dernières frasques de ce cher Marcel: 16 milliards évaporés en 6 mois, et l’office des impôts de Zürich tire la sonnette d’alarme. Ca confirme ce que je disais plus haut: il est dans l’intérêt de l’Etat que le riche (personne ou société) reste riche.

    Joyeux Noël à vous et en Guete Rutsch

    Reto

  4. Salut Reto,

    Effectivement, l’impôt ne sert à rien si tout le monde fuit pour ne pas le payer parce qu’il est trop élevé (même si la véracité de la courbe de Laffer n’a jamais été démontrée…). Et c’est aussi tout à fait vrai que certaines personnes sont suffisamment aisées pour pouvoir déménager du jour au lendemain, en fonction de ce que leur conseille leur conseiller fiscal. Mais c’est une exception, une exception rarissime, même. En effet, la plupart des gens aisés restent en Suisse parce qu’ils ne peuvent et ne veulent pas quitter leur emplois, leurs proches, leur vue sur le lac, la qualité de vie, l’offre culturelle, la stabilité politique et économique, etc. C’est la même chose pour les entreprises: ce n’est pas l’impôt qui est un frein à l’investissement, mais d’autres facteurs. Et, à l’inverse, ce n’est pas qu’à cause des impôts très bas – ils sont déjà fort bas, en Suisse- mais aussi, et surtout, à cause de la qualité de la main d’oeuvre, de la stabilité politique et économie, de la qualité des infrastructures qu’elles s’y installent.

    Ton exemple de Marcel O. est cependant assez intéressant, car il démontre que l’on ne peut pas baser sa politique fiscale sur les seuls très hauts revenus. Car ils sont volatiles: Une plantée de leur entreprise et voilà que les revenus fiscaux s’effondrent… Et c’est là que réside le coeur du problème: faire payer les gens les plus aisés, c’est facile à dire, mais c’est beaucoup plus difficile à faire. Je te le concède.

  5. JCS: « Je doute que la plupart des jeunes et de moins jeunes à la recherche d’un emploi fasse preuve de mauvaise volonté. L’aide sociale et la LACI telle qu’elle est actuellement en vigueur sont déjà pas mal incitatives… Mais c’est vrai, on peut toujours faire plus. Cependant, je doute que la situation de chômeur soit si confortable et enviable… »

    Cf. L’Afrique ou l’Asie… Petit extrait d’un interview de Percy Barnevik au sujet de sa multinationale bénévole d’aide au développement via micro-crédit

    « Afrika ist mit Hunderten von Milliarden Dollar zugeschüttet worden, und in fünfzig Jahren hat sich nichts verändert. Es ist ein Desaster. In Asien aber hat sich eine Milliarde Menschen an den eigenen Haaren aus dem Sumpf gezogen: Sie haben hart gearbeitet, gespart, investiert, sich der Globalisierung gestellt. Man muss von der Schenkmentalität wegkommen, Selbsthilfe ist sinnvoller. »

    Ne transformez pas mon pays en Afrique…

    Oui, c’est dur… Mais la vie est dure pour tout le monde et il faut être compétitif si on veut ne serait-ce que maintenir le niveau de vie (de tout le monde btw…)

    Bref, Joyeux noël,

    PS: Pour l’histoire du cadeau: Je suis d’accord avec la morale de Reto et avec la tienne. Mais l’accord mutuel sur les impôts entre les gens aisés (ceux qui paient… pardon, nous qui payons la part du lion) et l’état doit être teinté d’une sorte de respect éthique pour l’argent dépensé, qui est l’argent d’autrui…

    PPS: Et c’est pour cela que tu ne m’entendras pas monter au créneau pour les dépenses publiques que tu mentionnes, mais bel et bien pour le gaspillage

    PPPS: « Optimisation fiscale » = Exception rarissime? Je reviens du Luxembourg, mon cher, et il y a des choses pour lesquelles il faudrait argumenter quantitativement une fois 😉 (le nucléaire est là le sujet d’une anecdote croustillante que je te raconte volontiers une fois autour d’une bière…)

    PPPPS: Au sujet des détectives pour l’AI, un ami me disait « ouais, mais bon c’est que 200-300 millions, genre 3%… Faut pas faire chier! » On a passé un sale quart d’heure. Chaque centime gaspillé est un affront au taxpayer. Cela me rappelle l’anecdote du Patrice de Lausanne qui vit pour 3’000 par mois à l’aumône du canton de Vaud sans rien faire et qui est trop occupé pour aller à une audience sur ce qu’il doit à son fils… Position?

  6. Les détectives de l’AI (ou de l’aide sociale), vaste débat! Sur le fond, il faut empêcher les abus, qui privent la collectivité de moyens dont elle a besoin et ruinent la confiance des gens honnêtes, qui ont parfois à juste titre l’impression d’être les dindons de la farce… Mais ensuite, c’est une question de priorités et de ressources allouées au bon endroit. Faut-il se concentrer sur les abus de l’AI et laisser la fraude fiscale tranquille? (ce qui est un peu ce qui se fait actuellement) A mon avis, ce genre d’abus est beaucoup plus nuisible… On le voit aussi lorsqu’il s’agit de traquer le travail au noir; j’ai l’impression que l’on on s’acharne plus sur les travailleurs au noir que sur leurs employeurs. Bref, la « chasse aux abus » se concentre plus sur les « petits » que sur les « gros ». Cette remarque est un peu manichéenne, j’en conviens. Mais elle ne signifie pas qu’il faille laisser les petits tricheurs tranquilles et ne s’occuper que des gros. Certainement pas. A mon avis, la chasse aux abus de toute sorte n’est légitime que si elle traque tous les abus, pas seulement ceux des « faux » réfugiés, invalides, chômeurs etc. Il faut donc mettre la priorité sur la chasse aux « gros » tricheurs!

    D’ailleurs, on devrait reparler bientôt de la chasse à la fraude fiscale! Patience.

  7. Chaque foctionnaire supplementaire est un electeur socialiste potentiel… Partant de la, je comprends tres bien les propos de M. Schwaab -)

  8. Philippe, donc, selon vous, il vaudrait mieux cesser de traquer les tricheurs que de la confier à des fonctionnaires?

    Je dois dire que j’ai peine à comprendre votre aversion conte le personnel de l’Etat…

  9. L’Etat pourrait tres bien rendre les memes services, avec moins de moyens. C. Blocher l’a demontre. C’est une idiotie socialiste de croire que si les moyens et le nombre de fonctionnaires augmentent, le service sera mieux. Si c’etait le cas, l’ecole genevoise devrait etre la meilleure. L’etude Pisa demontre l’inverse…

  10. Si M. Blocher a pu réduire la voilure de son département, c’est que le nombre de demandes d’asile a drastiquement baissé. Si le bilan de M. Blocher vous laisse pantois, je vous recommande de lire cet article: http://www.domainepublic.ch/files/articles/html/9724.shtml qui achèvera de mettre un terme à vos illusions.
    Quant à vos dire comme quoi les socialistes prétendent qu’il suffit d’augmenter le nombre de fonctionnaires pour que tout aille mieux, j’ignore sur quoi ils reposent.

  11. Il repose, cher Monsieur, sur vos nombreuses et perpétuelles propositions visant à augmenter les dépenses étatiques, le pouvoir de l’Etat, le nombre de postes de travail au sein des divers départements et j’en passe. C’est malheureusement votre vision socialiste qui vise à augmenter le pouvoir étatique, en croyant que ce dernier pourra résoudre les problèmes de l’Homme. La « socialisation », la délégation à cette créature anonyme qu’est l’État de toute responsabilité en matière d’assistance à autrui a provoqué une atomisation sans précédent de la société civile occidentale… La meilleure illustration en est que l’égoïsme atteint des sommets dans les pays anciennement collectivisés quasi-intégralement par la folie marxiste-léniniste, puis stalinienne, maoïste, etc…

    Et pour terminer, méditez ceci:

    « L’Etat ne connaît que la solidarité forcée, qui est à la vraie solidarité ce que la prostitution est à l’amour. »

  12. Vieux au chômage (depuis 12 années arrivant à mes 60 ans), à qui la faute ? Qui embauche un vieux au chômage comme moi ? …

    Depuis 12 années que je m’éternise à trouver un emploi, accusant une amputation de mon revenu annuel (si base smic de 12.000 euros) qui spolie ma famille et la vie de 120.000 euros, pour l’HISTOIRE, avec le nouveau site http://www.vieuxauchomage.com, j’ai décidé de raconter des histoires de vieux au chômage, espérant encore décrocher un revenu soit dans un emploi, soit à l’indemnisation du chômage affreusement infligé, soit de retraite. Eh oui puisque nos jeunes vieux préservés du chômage y sont depuis leur 57 ans.
    Bravo pour vos réflexions; à quand des indispensables coopérations intergénérationelles ?

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