Il ne faut jamais, mais alors jamais, faire des économies sur le dos de la formation.

Hier, deux nouvelles (pénurie de médecins, pénurie de mécaniciens) ont une fois de plus mis au grand jour que les économies en matière de formation ne sont jamais une bonne idée. Et donnent un avant-goût de ce à quoi va ressembler notre pays suite à la défaite électorale du PSS. Car, l’influence de l’UDC allant croissant, les programmes d’économie et les cadeaux fiscaux privant l’Etat de moyens vont aller en augmentant. L’UDC ne souhaitait en effet qu’une augmentation minimale (4,5%, alors que les socialistes voulaient 10%) des crédits à la formation et présente aujourd’hui ses propositions de coupes dans les budgets de l’Etat.

On recherche: médecins
Depuis des années, les dépenses en faveur de la formation stagnent en Suisse. Dans les années nonante, la politique des caisses vides menée par la majorité bourgeoise a provoqué l’introduction de numerus clausus pour l’accès aux études de médecine dans de nombreuses universités, surtout en Suisse alémanique. Mais les romands n’ont pas été en reste; au lieu de restriction d’accès, ils ont décalé l’écrémage d’une année, en durcissant les examens de première année. Cela a d’ailleurs permis à tout un petit business de se développer. De nombreux instituts de formation proposent contre espèces sonnantes et trébuchantes des cours de préparation aux examens. C’est une sélection par le porte-monnaie de plus. Mais les conséquences vont bien au-delà et c’est l’entier de la population qui paie les pots cassés de cette politique à courte vue. Les restrictions d’accès provoquent, comme on pouvait s’y attendre, une pénurie de médecins. Sans faire soit dit en passant baisser les coûts de la santé.

On recherche: mécaniciens
Une autre branche importante pour notre pays tire la langue et la sonnette d’alarme: l’industrie des machines. Il manquerait plus de 10’000 mécaniciens qualifiés en Suisse. Alors que cette branche se porte comme un charme et croule sous les commandes. C’est le résultat de longues années de politique négligente. Milieux patronaux, Conseil fédéral et OFFT ont ainsi nié à réitérées reprises l’ampleur de la pénurie de places de formation. On ne peut que constater une fois de plus le tort que cela a causé à notre économie et aux milliers de jeunes sans formation.

(Cette note me permet d’inaugurer mon blog sur 24heures.ch. C’est semble-t-il à la mode d’avoir plusieurs blogs 😉 )

2 réflexions sur « Il ne faut jamais, mais alors jamais, faire des économies sur le dos de la formation. »

  1. On recherche (aussi) : horlogers

    Chez nous, dans les Montagnes neuchâteloises, ce sont les horlogers qui manquent aux entreprises, au point qu’une manufacture de la place cherche plus d’une centaines de personnes sans trouver de personnels suffisamment qualifié.

    La « bonne » nouvelle, peut-être, c’est que l’entreprise en question s’est aliée au canton pour offrir à environ une centaine de chômeurs une formation et, espérons, un poste.

    C’est un bon exemple, parce que ce ne sont pas seulement les crédits à la formation qui sont importants, mais aussi (surtout ?) la volonté des entreprises d’engager des apprentis et de les former. L’économie doit aussi s’investir pour survivre…

  2. L’horlogerie est un très bon exemple de l’incurie dont peut faire preuve l’économie. Si l’Etat ne régule pas l’offre en places de formation, ou n’en offre pas lui-même, le marché se casse la figure. S’il n’y avait pas eu l’Etat (et ses crédits à la formation) pour créer les écoles professionnelles d’horlogerie, cette branche serait actuellement dans de sales draps. Quand la volonté des entreprises fait défaut, l’Etat doit donc intervenir. Mais il est vrai qu’il doit aussi intervenir en amont pour augmenter le nombre d’entreprises formatrices.
    J’avais d’ailleurs traité du sujet de l’horlogerie ce printemps: http://www.schwaab.ch/archives/2007/04/18/acquis-et-defis-de-la-formation-dans-l%E2%80%99horlogerie/

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