Des prêts à la place des bourses: certains jeunes socialistes genevois prêtent à rire.

La campagne semble faire tourner la tête à quelques-uns de mes camarades de la jeunesse socialiste genevoise. Aurélie Gavillet, soutenue par Sébastien Chazaud (tous deux sont candidats au conseil national sur la liste JS-GE ) détaille sur son blog une proposition pour « aider les étudiants »: Les prêts d’étude sans intérêts. Ils justifient cette position avec des arguments assez faibles, du genre « c’est politiquement faisable », « c’est réaliste », quand ils ne sont pas directement sortis d’un argumentaire d’economiesuisse: « il n’y a plus d’argent dans les caisses publiques ». C’est une proposition pour le moins étonnante, pour ne pas dire révoltante, surtout sous la plume de membres du PS.

A mon avis, les socialistes doivent s’opposer au remplacement des bourses par les prêts avec la plus grande fermeté. Les prêts sont en effet contraire au principe de l’égalité des chances, restreignent le libre choix des études, nuisibles à l’entrée dans la vie active des jeunes diplômé-e-s et, ce n’est pas le moindre, inefficaces.

Les prêts contre l’égalité des chances!

Les prêts forcent les étudiant-e-s issu-e-s des milieux modestes à s’endetter pour étudier. Soit ils renoncent, et les prêts sont de facto une barrière financière aux études, soit ils achèvent leurs études avec au bas mot 125000 fr. de dettes (en effet, on peut estimer le coût d’une année universitaire pour un étudiant moyen à environ 25000 fr.). Même s’il n’y a pas d’intérêt, cela reste une sacrée somme à rembourser. Les étudiant-e-s des milieux aisés, eux, n’ont ni dettes, ni dilemme.

Les prêts contre le libre choix des études!

Un étudiant forcé d’emprunter choisira plutôt un domaine d’études où il pourra compter sur un bon revenu dès qu’il les aura achevées. Les prêts sont d’ailleurs vanter par les associations patronales (economiesuisse en est un des fers de lance) comme un moyen d’orienter les étudiant-e-s vers les branches « rentables » (économie, sciences naturelles, droit) au détriment des autres branches, qui, c’est bien connu, ne servent à rien.

Le fardeau de la dette nuit à l’entrée dans la vie active!

Fonder une famille, acheter son logement, fonder une entreprise, entamer une formation continue, avec 125000 francs de dettes? Vous n’y pensez pas…

Les prêts sont couteux et inefficaces!

Prêter de l’argent à son coût. Outre la perte sur intérêts, la perte sur remboursement est toujours élevée. A ce la s’ajoutent des frais de gestions importants, bien supérieurs à ceux des bourses. Et surtout, tout cela ne sert pas à grand’chose: Dans les cantons qui ont introduit en masse les prêts (Valais, Lucerne), les montants prêtés sont en diminution, car les étudiant-e-s préfèrent à juste titre travailler à côté de leurs études plutôt que de s’endetter.

Plutôt que pour les prêts, les jeunes socialistes genevois feraient mieux de s’engager en faveur d’un véritable système de bourses d’étude qui couvrent réellement les besoins des étudiant-e-s. Et, contrairement à ce qu’ils prétendent, des projets réalistes existent, notamment ceux de l’UNES.

Pour celles et ceux que le débat intéresse: la proposition d’Aurélie Gavillet et les commentaires.

6 réflexions sur « Des prêts à la place des bourses: certains jeunes socialistes genevois prêtent à rire. »

  1. Ton titre est particulièrement clément avec Mme Gavillet… moi, ils me feraient plutôt pleurer, les « camarades » genevois.

  2. Salut JC,

    T’es sûr que ce serait pas une bonne idée, ces prêts? Ils pourraient s’ajouter aux bourses, comme en GB sauf erreur?

  3. Salut Totor,
    Certes, c’est très séduisant sur la papier (qui cracherait sur un prêt gratuit, quitte à l’investir ailleurs, là où sa rapporte plus), surtout en période de disette où les bourses sont insuffisantes. D’ailleurs, dans les cantons qui connaissent les prêts à grande échelle, c’est toujours un complément à une bourse (mais souvent, les étudiant-e-s refusent la bourse pour échapper au prêt). Mais l’accepter signifie à mon avis renoncer à revendiquer des bourses qui couvrent la totalité des dépenses de formation. Or, plusieurs loi cantonales, dont la loi vaudoise, garantisse un droit à une telle bourses. Mais souvent, ce sont les finances qui ne suivent pas. Dans le canton de VD, le règlement d’application de la loi était d’ailleurs contraire à la loi et ne garantissait pas ce droit (ce que le tribunal administratif corrigeait à chaque recours), histoire de faire des économies.
    Je pense que de telles bourses sont l’unique moyen de garantir l’égalité des chances et qu’il ne faut pas se laisser éloigner de cet objectif, surtout pas par des arguments de contrainte budgétaire comme ceux de la JS genevoise…

  4. Si jamais, cette chère Aurélie a retiré l’article de son blog… et la JSGE se déclare dorénavant contre les taxes d’études. Tiens, ils auraient découvert la gauche?

  5. Eh bien, mieux vaut tard que jamais. Le tollé qu’ils ont provoqué a dû les pousser à réfléchir. Merci pour l’info et à la prochaine!

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