Confédération Internationale des Syndicats

Mon activité syndicale m’a ammené à être présent, à quelques jours d’intervalle, à deux congrès de grande envergure: le congrès fondateur de la Conférération Syndicale Internationale et le 53ème congrès ordinaire de l’Union Syndicale Suisse. Voici un billet d’ambiance paru dans Domaine Public.

Chroniques de congressiste

La halle de congrès de Vienne, à l’ombre de la grande roue du Prater, n’a aucune peine à absorber les 1800 délégués présents pour fonder la faîtière mondiale unique des syndicats. Tous les pays sont là, ou presque : Ceux dont les syndicats sont inexistants (par exemple les Etats du Golfe, où se syndiquer est un crime de lèse-émir) ou à la botte de la dictature (p. ex. la Chine) n’ont reçu de carton d’invitation ni pour le congrès fondateur, ni pour la réception de Sepp, vice-maire socialiste de Vienne la rouge, qui semble bien s’accommoder des ors néogothiques de la grande salle des fêtes du Rathaus.

Tout est réglé comme du papier à musique : un coup de marteau de la « chairperson » et 150 millions de travailleurs sont, à l’unanimité, réunis pour la première fois sous la même bannière. « Rouges » et « chrétiens », anciens frères ennemis, parleront désormais d’une même voix. Toutefois, quelques-uns persistent à faire cavalier seul: Ainsi, travail.suisse, ex confédération des syndicats chrétiens, n’est pas membre de la nouvelle faîtière. Mais à quoi bon ; l’USS fait le travail (et paie les cotisations) ! Toutefois, l’union n’est pas encore parfaite et certains doivent jongler ; le siège mexicain au comité central de la nouvelle organisation restera vacant. Les trois confédérations syndicales locales n’ont pas pu s’entendre sur la répartition du poste de délégué, de premier et de second remplaçant.

A la tribune, les pontes syndicaux se succèdent et leurs discours semblent avoir été écrit par la même personne : chacun explique que la situation dans son pays est difficile pour les salariés et leurs représentants, mais que l’union fait la force et que la nouvelle faîtière est la seule réponse efficace aux entreprises mondialisées, aux délocalisations ou aux zones franches d’exportation libres de droit de douane et du travail. Dans les coulisses, on échange ses recettes pour lutter contre le chômage des jeunes, organiser les travailleurs précaires ou de l’économie informelle, contrer les stratégies anti-syndicales d’une multinationale du commerce de détail ou d’un gouvernement d’un pays d’Océanie. La Suisse n’est pas inconnue : On envie les mécanismes d’extension des conventions collectives, mais on est surpris par la relative pauvreté de ses syndicats. Les syndicalistes autrichiens, jadis très puissants (1 million et demi de membres contre moins d’un demi million en Suisse, pour une population active de taille à peu près égale), mais qui crient la misère depuis la quasi-faillite de leur banque (voir DP 1689), se rattrapent en commentant football et ski. Mais l’on est surtout consterné par le mépris des organes de l’Organisation Internationale du Travail qu’affichent les autorités de notre pays.

L’OIT, justement. Grâce à son fonctionnement tripartite, elle offre une très grande marge de manœuvre aux syndicats. La nouvelle Confédération Internationale des Syndicats y aura plus de poids et donnera plus de poids à l’organisation internationale face aux Etats qui, des voyous birmans aux démocrates helvétiques, n’appliquent pas ses conventions ou prennent de haut ses organes et leurs décisions.

Berne, moins d’une semaine plus tard. L’USS ne fête plus – la célébration des 125 ans, c’était en 2005– mais travaille. Il s’agit de s’armer idéologiquement pour les débats de ses prochaines années. Les thèses et arguments sur le plein emploi, la sécurité sociale et le service public sont solides et les débats efficaces. Plusieurs dizaines de pages de textes d’orientation sont avalées avec la régularité d’un métronome. Peu d’amendements, encore moins d’amendements contestés. Et le seul réel enjeu, le soutien au référendum contre la 5ème révision de l’AI, peine à enflammer les discussions. Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’un débat de fond –tous sont opposé à la révision mais se divisent sur la nécessité politico-stratégique du référendum– et certains orateurs, pourtant connus comme bouillants rebelles, montent à la tribune pour y parler pragmatisme, gestion des ressources et fixation de priorités. Même l’aile trotskiste, probablement pas encore remise de sa dernière scission, se tient coi et se contente de grommeler en fond de salle.
Fort heureusement, Doris Leuthard réveille les foules. Son attaque contre le droit de grève est spontanément huée par un congrès aussi surpris par son audace que la nouvelle Conseillère fédérale par un public qui ne lui est pour une fois pas acquis. L’OIT n’est pas absente des débats non plus : avant de retourner à ses bras de fer, cheminots et CCT des CFF, postiers et « Ymago », ouvriers du bâtiment et conflit salarial, personnel de la vente et aldi, on exhorte encore une fois la Suisse d’appliquer la convention de l’OIT protégeant les syndicalistes contre les licenciements.

Pour tout savoir sur le congrès de l’USS, notamment les trois textes d’orientation, cliquer ici.

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